mercredi 19 juin 2013

Faire de la lexicographie à la mitaine



Dans ce temps-là circule, on ne sait trop pourquoi ni comment, une légende voulant que quiconque entre dans une synagogue, ou dans une « mitaine », de l’anglais meeting, temple protestant, commet un péché mortel.
Benoît Lacroix, La foi de ma mère, la religion de mon père, Montréal, Bellarmin, 2002, p. 424

Il s'agit d'une chose sérieuse, d'un meeting religieux, d'une mitaine comme diraient nos bons habitants.
Le Nouvelliste, Québec, 4 oct. 1884

Les ancêtres ont peut-être francisé, oui mes agneaux, mais dans des conditions historiques qui les y autorisaient (mitaine, paparmane, robine); le fait est qu'ils ne le font plus depuis que ces conditions ont changé, c'est-à-dire depuis la prolétarisation massive de la population qui la met à la merci des advertising agencies, du business des autres et de la langue des maîtres comme langue quotidienne de travail.
Jean Marcel, Le joual de Troie, 1973, p. 59


Pour le mot mitaine, le Franqus-Usito ne donne que l’UQ (usage québécois) « gant… sans séparation pour les doigts, sauf pour le pouce ». Le sens de « temple protestant », pourtant ancien, ne figure pas dans ce Dictionnaire de la langue française, le français vu du Québec.


Rappelons pourtant une partie de l’argumentaire qui a appuyé les demandes de fonds publics pour subventionner cet ouvrage :

[…] les dictionnaires usuels disponibles actuellement au Québec sont conçus et élaborés en France. Ces ouvrages rendent compte de réalités sociales, historiques, géographiques, administratives et culturelles avant tout françaises et européennes et accueillent avec parcimonie les spécificités linguistiques et culturelles d'ici.


Suggestion de lecture : Jean Simard, « Canadiens français quoique protestants », Les Cahiers des Dix 54 (2000), pp. 171-188.

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